Les 80-20 appliqués au système économique

Article Dominique Michaut La distribution statistique des 80-20 a été théorisée par le sociologue et économiste italien Vilfredo Pareto, dans les années 1890, à partir d’investigations sur la fiscalité. Le plus gros du produit des impôts, typiquement 80 %, provient d’une petite partie des contribuables, typiquement 20 %. Pour beaucoup d’entreprises, il est très fréquent que le plus gros du chiffre d’affaires provienne d’une petite partie des produits vendus et d’une petite partie des clients. Originellement en gestion des stocks et désormais en brassages de données d’une grande variété de sortes, il y a dans ce qui a été tiré de la distribution statistique théorisée par le successeur de Léon Walras à la chaire d’économie politique de l’Université de Lausanne l’analyse ABC. Le principe empirique aussi fréquemment dit des 80-20 que des 20-80 sert également à étayer une conception de l’efficacité, aux origines bien plus anciennes que beaucoup de ceux qui la prescrivent le croient comme en atteste l’adage latin De minimis non curat praetor – le chef ne s’occupe pas de l’accessoire, sous-entendu : parce qu’il se concentre sur l’essentiel. L’essentiel, à la lumière de cette généralité, réside partout dans le petit nombre d’idées qui produisent le plus gros des résultats. L’étude et le pilotage du système économique ne font pas exception. Les considérations premières dont ils procèdent sont particulièrement critiques puisque ce sont elles qui l’orientent dans le domaine qui leur est propre. C’est pourquoi aussitôt que ce propre est défini, il est bon de donner une vue d’ensemble sur le résultat pouvant être obtenu, ainsi que sur la méthode à utiliser. Mon introduction à l’économie définie le fait dans un chapitre où il est question d’abord de huit questions principales puis de l’avenue du plein échange. Les huit questions proviennent du repérage des quatre points cardinaux que se fixe l’économie définie : par ordre alphabétique, la concurrence, l’emploi, la monnaie, les revenus. Dans chacune de ses directions, deux questions principales se posent. Concernant les revenus, la première question est la tendance normale de leur répartition en économie de marché et la seconde l’existence ou non du réglage naturel par le corps social des inégalités de rémunération du travail. Suite

La science économique à la lumière de sa spécificité

Article Dominique Michaut La science économique réduite à l’étude de ce qui est spécifique aux échanges marchands et aux transferts de termes de ces échanges paraît à première vue trop strictement délimitée. Elle ne l’est pourtant pas pour paver de certitudes la pratique qu’elle étudie. Au titre de ce qui n’est pas spécifique à la pratique des échanges et des transferts économiques, on peut par exemple considérer que l’homme étant égoïste par construction, cette fatalité domine toutes les activités humaines. On peut également exhiber un riche tableau clinique pour montrer que l’homme est aussi par construction un animal social, appartenant à des groupes avec ce que cela comporte souvent de rapports de force. Toutefois, établir la théorie économique sur des généralités de ce genre expose à ne pas cerner d’assez près le réel et le réalisable propres à la pratique étudiée. L’économie politique centrée sur sa spécificité montre tout au contraire qu’elle procure des élucidations essentielles, dont les formations normales des rémunérations du travail et des placements ainsi que celles des autres prix salaires compris, et dont la dynamique elle aussi normale des répartitions de revenus. Sur ces questions notamment, la théorie économique rate son parcours lorsqu’elle prend pour point de départ, comme le dit et l’approuve Dani Rodrik dans son livre Peut-on faire confiance aux économistes ? Réussites et échecs de la science économique (De Boeck, 2015), la « bête de somme des modèles » économiques – celui de l’offre et de la demande « connu de quiconque a suivi un cours d’introduction à l’économie », base qui d’après cet auteur sur ce point de même avis que tant et tant d’autres aujourd’hui dans sa profession conduit de fil en aiguille… « à faire la lumière sur certains phénomènes sociaux, allant des pratiques de lutteurs de sumo à la triche [dans les écoles], à l’aide d’une analyse empirique minutieuse et d’un raisonnement fondé sur les incitations », vive le comportementalisme subjectiviste tenant lieu de science économique… Depuis Jean-Baptiste Say, on répète beaucoup que l’économie a pour objet la production, la répartition et la consommation de richesses, à savoir de biens corporels et incorporels ayant une valeur d’échange marchand. Incontestablement l’homme ne fait rien, pas même respirer, sans produire et consommer. Une autre constatation est que la distinction entre l’économique et le non économique tend à être respectée au quotidien : l’économie circonscrite par une définition recevable en logique des ensembles finis va au-devant de ce sage tropisme. Or dans une telle économie, il n’y a en vérité que deux productions et pas une seule consommation. Les deux productions sont d’une part celles de ventes et de marges par la voie d’échanges marchands, d’autre part celles de transferts de termes de ces échanges. Là on est dans ce qui fait le propre de la science économique et ce propre a pour conséquence qu’en dépit de ce qu’on en répète ad nauseam consommer n’est pas en soi un acte économique. Suite : la monnaie, les niveaux de réalité économique

Les cinq attributs de la marchandise

Article Dominique Michaut Une génération convaincue qu’elle doit enseigner aux suivantes comment ne plus se laisser submerger par l’économie y parviendra mieux en transmettant que les marchandises sont des services et des biens qui ont cinq attributs, avec les exclusions les plus notoires que cela entraîne.  L’un de ces cinq attributs va tellement de soi qu’on peut être enclin à le passer sous silence. Un service ou un bien devient une marchandise à partir de sa mise en vente puis cesse d’en être une lorsqu’il a trouvé un acheteur. Pour la marchandise primaire, la vente se conclut avec l’embauche, laquelle est le moment où commence un échange marchand qui dure jusqu’à la fin du contrat de travail. Pour les placements et les locations, la vente se conclut par l’engagement d’une mise à disposition, moment auquel commence un échange marchand qui dure jusqu’à la liquidation du placement ou la fin du bail. Dans tous les cas, une marchandise est une fourniture qui a été mise en vente et qui n’a pas encore trouvé preneur. La pratique intensive des échanges marchands a des effets positifs, dont celui d’alimenter un abondant flux de transferts de pouvoir d’achat. Mais pour en arriver à ce que ces échanges deviennent circonscrits aux marchandisations et financiarisations les moins dispensatrices de dommages, il faut qu’en science et en politique économiques puis dans la mentalité collective les exclusions les plus notoires de l’ensemble des marchandises soient prises en considération.  Aucune ressource humaine n’est une marchandise. C’est pour trois raisons : la dépense d’énergie humaine n’est pas une marchandise ; le savoir n’est pas une marchandise ; les ressources humaines sont des ressources naturelles dont aucune n’est une marchandise. Il n’y en a pas moins des contrats de travail à cogérer, avec ce que cela comporte de contournement ou d’acceptation de la régie des écarts de salaire par la subjectivité collective. Le plus souvent par monnaie interposée et en plus ou moins grande partie au moyen de crédits avec ce que cela peut engendrer de bulles qui finissent par éclater en perturbant la marche des affaires, finalement les marchandises sont échangées contre d’autres marchandises.

La cartographie du qui vend quoi, la route qu’elle trace

Article Dominique Michaut Par la distinction entre marchandises élémentaires et marchandises composées, l’ensemble des marchandises est complètement divisé en deux sous-ensembles. Par elle aussi, la cartographie la plus globale du qui vend quoi en contrepartie de quoi devient plus claire. La marchandise élémentaire, et primaire, du service du travail-ouvrage est exclusivement vendue par des individus en contrepartie de salaires, au sens économique de ce concept : toute rémunération versée à un travailleur en tant que tel, quelle que soit sa position professionnelle. L’autre catégorie de marchandise élémentaire, entièrement constituée par la fourniture du service de placement, est vendu par des individus et des ménages, ainsi que par d’autres associations non commerciales, en contrepartie de la rémunération de ce service et de la conservation de la valeur du placement. Du côté des marchandises composées, convenir de dire qu’elles ne sont vendues que par des entreprises paraît trop restrictif. Quand un particulier vend un bien meuble ou immeuble et que c’est de sa part un acte exceptionnel, pourquoi voir en science et en politique économiques la création par le vendeur d’une entreprise temporaire ? Si cela n’est pas fait, une caractéristique commune aux entreprises de fait et aux entreprises juridiquement constituées n’est pas reconnue pour ce qu’elle est en réalité. Faute d’une définition stricte de ce qu’est en économie proprement dite une entreprise, on croit voir et des entreprises et de l’économie là où il n’y en a que dans les sens les plus vagues de ces notions, tournant ainsi le dos à moins de confusions par des distinctions fondées sur l’analyse primitive des faits. La cartographie des échanges marchands, la route qu’elle trace

Le préjugé du déterminant universel des chertés

Ajrticle Dominique Michaut Toute théorie qui suppose l’existence d’un déterminant universel des valeurs d’échange marchand est par construction non scientifique. C’est le cas du marginalisme, fondateur de l’économie politique néoclassique avec des conséquences à long terme que nous avons sous les yeux. « L’alpha et l’oméga en économie, c’est l’offre et la demande. Cela vaut pour les prix, pour tous les prix quand ce mot désigne les valeurs d’échange marchand. Sur ce point, tout le reste est subsidiaire. » Cette opinion à la fois très populaire et surabondamment confortée par un grand nombre de discours savants exprime la croyance en un déterminant des chertés sinon universel au moins dominant. Du côté des discours savants cette conviction fait écrire à Dani Rodrik, professeur d’économie à Harvard, que « la bête de somme des modèles de science économique est celui de l’offre et de la demande, connu de quiconque a suivi un cours d’introduction à l’économie » – version néoclassique. Historiquement, c’est dans La Richesse des Nations (1776) qu’Adam Smith a introduit en analyse économique la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange d’un objet. La première des quatre pages web auquel je renvoie à la fin de la version complète du présent article cite le passage dans lequel il le fait. Son refus d’attribuer systématiquement la cherté à l’utilité est incontestablement conforme à un grand nombre de faits. Pour l’illustrer par un exemple frappant, Smith compare les utilités et les chertés respectives de l’eau et du diamant. À peine un siècle plus tard, ce qui allait devenir la révolution marginaliste avance son explication qu’elle fait passer à la postérité comme étant, dit-elle, le paradoxe de l’eau et du diamant. Les bons professeurs d’économie résument très clairement cette explication, comme dans la même page web le rappelle la citation reprise après celle de Smith. La méthode, l’échec qu’elle évite, ses implications  Seule l’habitude prise de longue date autorise à croire d’emblée en l’existence d’un déterminant omniprésent des chertés. Ce n’est toutefois qu’au terme de l’étude de la formation de la valeur d’échange dans chaque catégorie homogène de marchandise qu’il devient de bonne méthode de se prononcer sur cette existence, sous peine de commettre une pétition de principe, cette faute qui consiste à tenir pour vrai ce qui est à démontrer. La recevabilité scientifique tant du marginalisme que de tout autre monisme avancé de la même manière sur le même sujet est en trompe l’œil. Et avec de lourds dommages collatéraux. L’esprit scientifique remplit son rôle lorsqu’il incline à chercher par la méthode qui vient d’être dite s’il y a des lois objectives qui ont des fonctions homéostatiques plus omniprésentes et importantes que « la bête de somme des modèles économiques ». Oui, il y en a, avec notamment une dont la relégation des déclinaisons macro, méso et micro économique est hautement calamiteuse, voir dans ma thèse la première occurrence de l’abréviation RPP’.  Tout le milieu de l’enseignement et de la recherche économiques est encore loin d’admettre ces réalités. Le marginalisme se prête à l’application immédiate de techniques mathématiques formellement élégantes et scolairement sélectives. Par qui que ce soit et en quelque circonstance que ce soit, avoir accrédité une théorie initialement moniste de la cherté rend pénible à confesser la raison pour laquelle ce dogme n’est pas scientifique. De toute façon, la profession des économistes universitaires est beaucoup plus sensible aux critiques et reconstructions développées en son sein qu’ailleurs, sans doute en grande partie de façon inévitable. Cette profession sait que lorsque dans ses membres il s’en trouvera de plus en plus qui travailleront au remplacement de la théorisation marginaliste, en cadrage des formations supérieures à l’économie, alors le déclassement académique de l’appareillage néoclassique sera engagé et il s’ensuivra en peu de générations le déclassement politique du néolibéralisme et des financiarisations dangereuses auxquelles il expose. Mais qui peut prédire si cette refondation percera et, à plus forte raison, quand ? Aucune certitude à cet égard n’est indispensable à la collecte et la publication de vérités rigoureusement articulées, en préparation à leur sélection par des économistes universitaires agissant en tant que tels.  Des vérités contournées par l’orthodoxie néoclassique

Le mieux vu sur la marchandise et le travail bouscule

Article Dominique Michaut Eu égard à ce qu’a été le cours général de l’enseignement et de la recherche économiques depuis deux siècles et demi, qu’une théorie de la marchandise puisse ouvrir la voie à davantage d’impartialité a de quoi surprendre, et bousculer d’abord par les mises au point sur le travail qui fondent cette théorie. Dès les premiers éléments de théorie de la marchandise référencés à la fin du présent article se trouve la remarque qu’à chaque instant les services et les biens commerçables sont autant de marchandises. Le vocabulaire de cette constatation est plus précis que celui de l’antienne selon laquelle les biens et les services commercés sont des produits ou des productions, et pour certains d’entre eux des facteurs de production. En fait, tous les éléments de cette collection mouvante ont en commun d’avoir des propriétés qui n’appartiennent qu’aux marchandises, lesquelles sont des objets propres à l’économie ramenée au périmètre que lui assigne la logique des ensembles finis. Les théorisations économiques de nos jours les plus enseignées tournent le dos à cette focalisation. Les ambitions de leurs fondateurs et de leurs continuateurs sont orientées vers l’ingénierie sociale, le terre-à-terre des affaires d’économat n’étant dans leurs visions que des nécessités subalternes. Bien sûr qu’il faut se demander si la focalisation de l’économie définie est trop étroite pour pouvoir être hautement utile. Mais il y a une certitude à ne jamais quitter des yeux par quiconque attache un tant soit peu d’importance aux idées économiques ou prétendues telles qui participent à la configuration de nos destins. L’aptitude de la théorie économique à franchir le seuil d’une science exacte se joue dans ses commencements logiques. Si, par des mots clés employés dans un sens trop vague ou trop chargés d’affects, ces commencements font l’impasse sur des distinctions et des relations que les faits établissent, nous construisons notre conception de l’économie sur trop de dénis de réalité et de raisonnements fallacieux. Alors nous nous préparons mal à extraire de notions qui nous sont ou nous semblent familières des concepts qui résistent aux dévoiements que nos sentiments nous susurrent. Vues initiales à recadrer sur les services et le travail 

Les trois axiomes de l’exactitude en science économique

Article Dominique Michaut Comme la vie est soumise à des lois naturelles autorisant l’élaboration de sciences exactes, les pratiques économiques se prêtent à l’articulation d’une science exacte par l’application de trois axiomes.  N’excluons surtout pas pour cette science que son exactitude réduise son champ. Au regard de sa possibilité que les trois axiomes ci-dessous rendent plausible, une considération pragmatique s’impose : là où l’économique strictement défini est trop court par rapport à ce qu’il importe le plus de connaître de façon sûre s’ouvre la recherche de certitudes par des investigations pluridisciplinaires. Mais ces dernières n’évitent des erreurs initiales qu’en partant le plus possible de sciences exactes, dont celles qu’exploitent les ingénieurs attelés à la viabilisation d’innovations.  Axiome 1 – La pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. C’est l‘une de ces vérités premières au moyen desquelles une conception rationnelle devient articulable tout en s’assurant de la conformité aux fait élémentaires au fur et à mesure de l’avancement du montage. Si l’habitude s’est prise de parler plus volontiers des mathématiques que la mathématique, c’est parce que cette dernière comporte plusieurs branches dont un bachelier connaît au moins l’existence de celles qui l’ont de prime abord le plus séduit ou rebuté : l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre, l’analyse, la théorie des ensembles. L’économiste qui se pense accompli, ou même seulement un peu plus compétent que les profanes en matière de politique économique parce qu’il a été formé à une approche hautement mathématisée de sa discipline se raconte une histoire logiquement abracadabrante dans le cas suivant : en surplomb de cette approche il ne lui a pas été répété que la pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. Cette condition n’est pas suffisante pour que le socle d’une telle pensée soit assurément scientifique, mais c’est indispensable.  Axiome 2 – L’économie définie existe, bien que la famille soit l’un des lieux où se colportent en premier les affects dont sont historiquement chargés les mots les plus courants du vocabulaire économique. Surtout conforté par des propos et comportements des enseignants du primaire puis du secondaire, le sentiment dominant transmis par l’adjectif « marchand » et son satellite « commercial » constitue encore souvent un obstacle à son emploi placide en analyse économique. Cet emploi se révèle pourtant indispensable pour prendre acte du fait que constituent un sous-ensemble fini des échanges sociaux ceux de services et de biens en contrepartie ou bien d’une quantité de monnaie exprimant leur valeur justement dite d’échange (pour distinction d’avec leur valeur d’usage) ou bien d’une autre marchandise dans le cas d’un troc (lequel n’exclut jamais une évaluation monétaire). Ces derniers échanges ne tendent à envahir toute la vie sociale que si leur théorie passe outre à cette finitude en prenant le risque d’ouvrir la boîte de Pandore de la marchandisation de tout et n’importe quoi. Nous poussons à cette désastreuse imprudence lorsque nous considérons que tout ce qui a une valeur d’usage, ou utilité, possède potentiellement une valeur d’échange marchand. Nous y poussons encore plus en postulant l’existence d’un unique déterminant principal à n’importe quelle valeur d’échange marchand, comme en croyant la suprématie de rapports de force inhérente aux échanges marchands. [1] Le moyen de contrarier ces propensions n’en reste pas moins à la portée de ceux qui veulent en user : l’économie définie, au sens de ce qu’est une définition satisfaisant le premier axiome.  Suite 

L’étude des réalités économiques élémentaires

Article Dominique Michaut En étude des réalités économiques élémentaires, une première précaution évite une erreur initiale de méthode, une deuxième rend possible de rester conceptuellement rigoureux  Le prologue auquel je vais renvoyer cite deux Français. Le premier est Paul Valéry. En 1896, une revue lui demanda un compte-rendu de lecture des Éléments d’économie politique pure de Léon Walras, devenu en histoire des idées l’auteur de la magna carta de la pensée économique moderne. Dans ce compte-rendu, Valéry reproche à Walras l’insuffisance de « l’analyse primitive des faits qui doit précéder l’analyse mathématique ». Dans les années 1970, ce qui en sélection d’idées directrices vient peu après la percée de la mathématisation marginaliste en théorie des prix, Paul Fabra, sans alors savoir qu’il reprenait presque mot à mot un verdict de Paul Valéry, prévient : « [en économie politique] l’usage des mathématiques doit être précédé d’une analyse serrée des concepts utilisés. Si ceux qu’on emploie sont inconsistants, on aura beau développer toutes les équations qu’on voudra, on aboutira à des résultats incohérents. » On s’éloignera de la deuxième précaution à prendre : extraire des concepts recevables en logique des ensembles finis à partir des notions de marchandise, de capital, de travail, de rentabilité et de productivité, entre autres. On entretiendra l’incapacité de professeurs et de chercheurs à voir pourquoi le traitement marginaliste du problème de la cherté est scientifiquement irrecevable. Suite, dont nota bene sur régulation et réglementation

La première société de ce genre

Article Dominique Michaut La Société d’Économie Définie (SED) tire son nom d’une particularité méthodologique de l’économie politique qu’elle promeut. La SED, énonce le premier article de ses statuts, a pour objet de contribuer à l’articulation et la diffusion d’une économie politique : a) conçue de façon aussi objective que possible ; b) par emploi de définitions recevables en logique des ensembles finis. À cette fin, poursuit ce premier article, selon le contexte la contribution de la SED met en avant tantôt la notion d’économie objective ou d’économie politique objective, tantôt le concept d’économie définie ou d’économie politique définie, étant entendu que le plus possible d’objectivité passe par des définitions recevables en logique des ensembles finis là où la chose étudiée forme ou tend à former de tels ensembles. Sur le forum des grandes options civilisationnelles, deux conceptions de l’économie ou davantage deviennent frontalement concurrentes lorsque chacune se prête à l’énoncé d’une économie politique de base, à savoir d’un ensemble constitué par un jeu 1) de propositions premières de théorie économique, 2) d’orientations majeures de politique économique. Le devoir civique de l’objectivité économique

Le discernement des équités économiques réalisables

Article Dominique Michaut C’est d’abord par des évitements que l’économie politique strictement définie conduit au discernement des principales normes d’équité des échanges marchands.   Les échanges marchands auraient en commun une fatalité qui les rendrait toujours inéquitables. Au contraire, les échanges marchands seraient régis par une loi économique qui les rendrait toujours équitables. L’économie politique strictement définie se garde de ces généralités et d’autres trop hâtives. Elle attend d’avoir accumulé de quoi démontrer ce que sont et ne sont pas les équités que le système des échanges marchands peut établir. L’air du temps n’incline pas jusqu’à présent à cette patience. Dans notre héritage culturel, il y a la croyance encore très répandue en un unique déterminant des valeurs d’échange marchand, voir ce qui se dit le plus spontanément dès qu’il est question de prix. Il y a également la conviction, elle aussi très répandue, que les marchés ne produisent pas la cohésion sociale dont l’économie a pourtant besoin pour bien fonctionner. N’excluons pas qu’il faille en arriver à rompre complètement tant avec le monisme de la valeur d’échange marchand qu’avec la déploration sur la cohésion sociale pour dégager quelles sont les principales normes d’équité dont la pratique concurrentielle des échanges marchands est grosse. Cherchons à la lumière de conditions concrètement réalisables, sans préjuger qu’une définition abstraite de l’équité économique soit à placer au point de départ de cette recherche. Suite