Présentation

Article de Pierre de Lauzun Actuellement (depuis 2002) Délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers AMAFI, qui regroupe les professionnels de la Bourse et de la Finance. Ancien élève de l’École Polytechnique (1969) et l’École Nationale d’Administration (1975), j’ai travaillé principalement dans la banque et la finance. Quelques points de repère :  2001 – 2014 : Directeur général délégué de la Fédération Bancaire Française – FBF, l’organisation professionnelle des banques en France. 1998 – 2000 : Groupe Goldman Sachs : Président d’Archon Group France (suite au rachat de l’UIC ci-après) 1994 – 1998 : Union Industrielle de Crédit (UIC, Groupe GAN) : Président du directoire. 1987 – 1994 : BANQUE DE L’UNION EUROPÉENNE – UECIC- Groupe GAN-CIC Directeur général adjoint (BUE devenue Union Européenne de CIC en 1990). 1981 – 1987 : Direction du Trésor au Ministère de l’Économie et des Finances. Conseiller Financier à New York (1986 – 1987) Chef du Bureau des Banques (1984 – 1986) . Secrétaire Général du Club de Paris (1981-1984) 1975-1981 : Services du Premier Ministre.   Ardéchois (du Sud), né en 1949, marié, 3 enfants, 10 petits-enfants (compte provisoire). Une activité professionnelle peu populaire mais essentielle (la finance). Et une recherche personnelle qui va de l’économie à la philosophie et à la politique. D’où ces livres. Quelques repères : la foi chrétienne, catholique. Le goût de la diversité internationale et des langues, notamment Asie (Japon). L’intuition de l’unité au fond de la multiplicité. L’exigence de vérité et de qualité (le beau et le bien). L’insertion dans le temps et dans l’histoire, et hors du temps. On trouve ces réflexions dans mes livres : Le Ciel et la Forêt Tome I Au-delà du pluralisme ; Tome II Le christianisme et les autres religions, Dominique Martin Morin 2000. Chrétienté et Démocratie, Pierre Téqui 2003. L’Évangile, le Chrétien et l’Argent, Éditions du Cerf 2004. Les Nations et leur Destin, F.-X. de Guibert 2005. Temps, Histoire, Éternité, Parole et Silence 2006. Christianisme et Croissance économique, Parole et Silence 2008. L’économie et le christianisme, F.-X. de Guibert 2010. L’avenir de la démocratie (Politique I), F.-X. de Guibert 2011. Finance : un regard chrétien, Embrasure 2013. Philosophie de la foi Arjalas Editions 2015.   Guide de survie dans un monde instable, hétérogène, non régulé TerraMare 2017.   L’euro : vers la fin de la monnaie unique ? TerraMare 2017.   La Révélation chrétienne, ou l’éternité dans le temps Artège Lethielleux 2018. Principales associations et assimilables :  Président d’Alba Cultura (rendre l’art présent dans les prisons et autres lieux clos) ; Vice-président puis Trésorier de la Fondation pour l’École (soutien à l’enseignement libre hors contrat) ; Président de la Commission Éthique financière des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) ; Président de l’Amicale des Ardéchois de Paris ; Membre de l’Académie catholique ; Commandeur de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (soutien aux Chrétiens de Terre Sainte). Association des économistes catholiques. Association des écrivains catholiques ; Association des écrivains croyants. Blog personnel : http://www.pierredelauzun.com   

Le mieux vu sur la marchandise et le travail bouscule

Article Dominique Michaut Eu égard à ce qu’a été le cours général de l’enseignement et de la recherche économiques depuis deux siècles et demi, qu’une théorie de la marchandise puisse ouvrir la voie à davantage d’impartialité a de quoi surprendre, et bousculer d’abord par les mises au point sur le travail qui fondent cette théorie. Dès les premiers éléments de théorie de la marchandise référencés à la fin du présent article se trouve la remarque qu’à chaque instant les services et les biens commerçables sont autant de marchandises. Le vocabulaire de cette constatation est plus précis que celui de l’antienne selon laquelle les biens et les services commercés sont des produits ou des productions, et pour certains d’entre eux des facteurs de production. En fait, tous les éléments de cette collection mouvante ont en commun d’avoir des propriétés qui n’appartiennent qu’aux marchandises, lesquelles sont des objets propres à l’économie ramenée au périmètre que lui assigne la logique des ensembles finis. Les théorisations économiques de nos jours les plus enseignées tournent le dos à cette focalisation. Les ambitions de leurs fondateurs et de leurs continuateurs sont orientées vers l’ingénierie sociale, le terre-à-terre des affaires d’économat n’étant dans leurs visions que des nécessités subalternes. Bien sûr qu’il faut se demander si la focalisation de l’économie définie est trop étroite pour pouvoir être hautement utile. Mais il y a une certitude à ne jamais quitter des yeux par quiconque attache un tant soit peu d’importance aux idées économiques ou prétendues telles qui participent à la configuration de nos destins. L’aptitude de la théorie économique à franchir le seuil d’une science exacte se joue dans ses commencements logiques. Si, par des mots clés employés dans un sens trop vague ou trop chargés d’affects, ces commencements font l’impasse sur des distinctions et des relations que les faits établissent, nous construisons notre conception de l’économie sur trop de dénis de réalité et de raisonnements fallacieux. Alors nous nous préparons mal à extraire de notions qui nous sont ou nous semblent familières des concepts qui résistent aux dévoiements que nos sentiments nous susurrent. Vues initiales à recadrer sur les services et le travail 

Les trois axiomes de l’exactitude en science économique

Article Dominique Michaut Comme la vie est soumise à des lois naturelles autorisant l’élaboration de sciences exactes, les pratiques économiques se prêtent à l’articulation d’une science exacte par l’application de trois axiomes.  N’excluons surtout pas pour cette science que son exactitude réduise son champ. Au regard de sa possibilité que les trois axiomes ci-dessous rendent plausible, une considération pragmatique s’impose : là où l’économique strictement défini est trop court par rapport à ce qu’il importe le plus de connaître de façon sûre s’ouvre la recherche de certitudes par des investigations pluridisciplinaires. Mais ces dernières n’évitent des erreurs initiales qu’en partant le plus possible de sciences exactes, dont celles qu’exploitent les ingénieurs attelés à la viabilisation d’innovations.  Axiome 1 – La pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. C’est l‘une de ces vérités premières au moyen desquelles une conception rationnelle devient articulable tout en s’assurant de la conformité aux fait élémentaires au fur et à mesure de l’avancement du montage. Si l’habitude s’est prise de parler plus volontiers des mathématiques que la mathématique, c’est parce que cette dernière comporte plusieurs branches dont un bachelier connaît au moins l’existence de celles qui l’ont de prime abord le plus séduit ou rebuté : l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre, l’analyse, la théorie des ensembles. L’économiste qui se pense accompli, ou même seulement un peu plus compétent que les profanes en matière de politique économique parce qu’il a été formé à une approche hautement mathématisée de sa discipline se raconte une histoire logiquement abracadabrante dans le cas suivant : en surplomb de cette approche il ne lui a pas été répété que la pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. Cette condition n’est pas suffisante pour que le socle d’une telle pensée soit assurément scientifique, mais c’est indispensable.  Axiome 2 – L’économie définie existe, bien que la famille soit l’un des lieux où se colportent en premier les affects dont sont historiquement chargés les mots les plus courants du vocabulaire économique. Surtout conforté par des propos et comportements des enseignants du primaire puis du secondaire, le sentiment dominant transmis par l’adjectif « marchand » et son satellite « commercial » constitue encore souvent un obstacle à son emploi placide en analyse économique. Cet emploi se révèle pourtant indispensable pour prendre acte du fait que constituent un sous-ensemble fini des échanges sociaux ceux de services et de biens en contrepartie ou bien d’une quantité de monnaie exprimant leur valeur justement dite d’échange (pour distinction d’avec leur valeur d’usage) ou bien d’une autre marchandise dans le cas d’un troc (lequel n’exclut jamais une évaluation monétaire). Ces derniers échanges ne tendent à envahir toute la vie sociale que si leur théorie passe outre à cette finitude en prenant le risque d’ouvrir la boîte de Pandore de la marchandisation de tout et n’importe quoi. Nous poussons à cette désastreuse imprudence lorsque nous considérons que tout ce qui a une valeur d’usage, ou utilité, possède potentiellement une valeur d’échange marchand. Nous y poussons encore plus en postulant l’existence d’un unique déterminant principal à n’importe quelle valeur d’échange marchand, comme en croyant la suprématie de rapports de force inhérente aux échanges marchands. [1] Le moyen de contrarier ces propensions n’en reste pas moins à la portée de ceux qui veulent en user : l’économie définie, au sens de ce qu’est une définition satisfaisant le premier axiome.  Suite 

L’étude des réalités économiques élémentaires

Article Dominique Michaut En étude des réalités économiques élémentaires, une première précaution évite une erreur initiale de méthode, une deuxième rend possible de rester conceptuellement rigoureux  Le prologue auquel je vais renvoyer cite deux Français. Le premier est Paul Valéry. En 1896, une revue lui demanda un compte-rendu de lecture des Éléments d’économie politique pure de Léon Walras, devenu en histoire des idées l’auteur de la magna carta de la pensée économique moderne. Dans ce compte-rendu, Valéry reproche à Walras l’insuffisance de « l’analyse primitive des faits qui doit précéder l’analyse mathématique ». Dans les années 1970, ce qui en sélection d’idées directrices vient peu après la percée de la mathématisation marginaliste en théorie des prix, Paul Fabra, sans alors savoir qu’il reprenait presque mot à mot un verdict de Paul Valéry, prévient : « [en économie politique] l’usage des mathématiques doit être précédé d’une analyse serrée des concepts utilisés. Si ceux qu’on emploie sont inconsistants, on aura beau développer toutes les équations qu’on voudra, on aboutira à des résultats incohérents. » On s’éloignera de la deuxième précaution à prendre : extraire des concepts recevables en logique des ensembles finis à partir des notions de marchandise, de capital, de travail, de rentabilité et de productivité, entre autres. On entretiendra l’incapacité de professeurs et de chercheurs à voir pourquoi le traitement marginaliste du problème de la cherté est scientifiquement irrecevable. Suite, dont nota bene sur régulation et réglementation

La première société de ce genre

Article Dominique Michaut La Société d’Économie Définie (SED) tire son nom d’une particularité méthodologique de l’économie politique qu’elle promeut. La SED, énonce le premier article de ses statuts, a pour objet de contribuer à l’articulation et la diffusion d’une économie politique : a) conçue de façon aussi objective que possible ; b) par emploi de définitions recevables en logique des ensembles finis. À cette fin, poursuit ce premier article, selon le contexte la contribution de la SED met en avant tantôt la notion d’économie objective ou d’économie politique objective, tantôt le concept d’économie définie ou d’économie politique définie, étant entendu que le plus possible d’objectivité passe par des définitions recevables en logique des ensembles finis là où la chose étudiée forme ou tend à former de tels ensembles. Sur le forum des grandes options civilisationnelles, deux conceptions de l’économie ou davantage deviennent frontalement concurrentes lorsque chacune se prête à l’énoncé d’une économie politique de base, à savoir d’un ensemble constitué par un jeu 1) de propositions premières de théorie économique, 2) d’orientations majeures de politique économique. Le devoir civique de l’objectivité économique

Le jeûne économique

Article Bernard Largillier Le jeûne, donc le carême, peut avoir des effets économiques considérables… Ce n’est pas banal ! Voilà cinq jours entiers que je n’ai rien mangé, et je suis en pleine forme. Etonnant ! J’ai encore davantage travaillé aujourd’hui que les autres jours, travail physique, travail manuel, et intellectuel, rédaction d’un texte sur un enjeu important et cet article. Mon épouse avait déjà fait ce jeûne prôné et expérimenté par des naturopathes pour améliorer notre santé. Je ne le croyais pas possible, je n’y croyais pas vraiment. Nous l’avons fait ensemble cette fois-ci, et c’est très simple : boire, et bouillon de légumes à chaque repas. J’avoue ne l’avoir fait qu’après avoir découvert qu’un aïeul mort en 1714 sur les bords du Mississipi, Jacques Largillier, avait gagné sept ans de vie après un jeûne de quarante jours  sévère et sans aucune viande : il venait de recevoir le viatique et l’extrême onction en début de carême ! C’était probablement un solide gaillard, marchand de peaux entreprenant, il était surnommé « Le Castor ». Le père Jacques Marquette, dont la statue est au Capitole, panthéon des grands hommes des USA, est mort dans ses bras. Il s’est senti miraculeusement guéri de la même typhoïde que celle qui a emporté Marquette. Du coup il a vendu tous ses biens, est devenu frère jésuite et s’est consacré durant plus de quarante ans à l’oeuvre de Marquette : évangéliser les populations indiennes en leur apportant notre culture. Cette expérience mérite réflexion. Tout d’abord comment se fait-il qu’on connaisse une excellente recette pour la santé depuis des siècles et qu’elle n’ait pas été transmise ? Comment se fait-il que notre médecine si avancée en fasse abstraction et continue à faire croitre les piluliers si coûteux ? Abstinence de toute viande, de sucre, même de légumes et de fruits. D’abord on n’a pas à les acheter, on consomme et dépense moins. Mais c’est aussi une réduction drastique des risques de diabètes dont les désagréments et le coût peuvent s’effondrer. C’est toute la santé qui est remise en cause. Il semble bien que nous ayons beaucoup à découvrir en nous rapprochant de la nature. On pratique déjà le jeûne en oncologie. Toute la santé, c’est moins de rhumes, moins d’allergies, moins de consommation médicale, quasiment pas de médicaments sauf applications très précises, et, meilleur moral pour tout le monde. Que voulez-vous de plus ? Economiquement parlant, c’est aussi moins de dépressions dont le coût considérable n’est pas évalué ! Faire la promotion du jeûne (… et donc du carême) et de ses vertus n’est-il pas puissamment économique ? Assurément le jeûne a une incidence économique réelle au niveau personnel et familial. Il peut donc en avoir une carrément exponentielle pour la population et pour un pays. Finalement, il apparaît de plus en plus clair que le développement économique est absolument inséparable de l’évangélisation. L’histoire le montre et le prouve depuis des siècles et on l’oublierait ? La mission Jolliet-Marquette de 1773 était de dire si le Mississipi coulait vers le sud ou vers les Indes, mission économique par nature. La mission est revenue avec la réponse. Mais c’est le père Jacques Marquette qui en a été l’âme et qui est resté dans l’Histoire comme l’un des pionniers fondateur des USA. Il a joint l’évangélisation au développement économique, condition du développement de notre civilisation. Alors prônons activement le jeûne, si ce n’est par foi, au moins par amour de la vie pour la prolonger et prendre soin de soi, et… par souci économique. Bernard Largillier Le-santenaire.com AEC – EDC Ancien administrateur d’hôpitaux publics et privés Ancien administrateur de CPAM, CARSAT et CAF

Le discernement des équités économiques réalisables

Article Dominique Michaut C’est d’abord par des évitements que l’économie politique strictement définie conduit au discernement des principales normes d’équité des échanges marchands.   Les échanges marchands auraient en commun une fatalité qui les rendrait toujours inéquitables. Au contraire, les échanges marchands seraient régis par une loi économique qui les rendrait toujours équitables. L’économie politique strictement définie se garde de ces généralités et d’autres trop hâtives. Elle attend d’avoir accumulé de quoi démontrer ce que sont et ne sont pas les équités que le système des échanges marchands peut établir. L’air du temps n’incline pas jusqu’à présent à cette patience. Dans notre héritage culturel, il y a la croyance encore très répandue en un unique déterminant des valeurs d’échange marchand, voir ce qui se dit le plus spontanément dès qu’il est question de prix. Il y a également la conviction, elle aussi très répandue, que les marchés ne produisent pas la cohésion sociale dont l’économie a pourtant besoin pour bien fonctionner. N’excluons pas qu’il faille en arriver à rompre complètement tant avec le monisme de la valeur d’échange marchand qu’avec la déploration sur la cohésion sociale pour dégager quelles sont les principales normes d’équité dont la pratique concurrentielle des échanges marchands est grosse. Cherchons à la lumière de conditions concrètement réalisables, sans préjuger qu’une définition abstraite de l’équité économique soit à placer au point de départ de cette recherche. Suite

La voie prioritaire de l’économie définie

Article Dominique Michaut Des réalités économiques de base sont reconnues pour ce qu’elles ont d’indispensable lorsqu’autant d’attention est portée à l’existence d’échanges marchands qu’à l’existence conjointe de transferts de termes de ces échanges. Partant de cette reconnaissance, une voie s’ouvre. Primo, de la monnaie sert à exprimer la valeur d’échange de services et de biens ; c’est un fait. Secundo, toute marchandise – désignation générique attribuable aux services et aux biens dont la valeur d’échange est exprimée, même en cas de troc, dans une unité monétaire –  toute marchandise est échangeable contre de la monnaie ou de la marchandise ; c’est un fait. Tertio, les avoirs en monnaie et un grand nombre d’autres termes d’échange marchand sont transférables de gré ou de force ; c’est un fait. Prendre prioritairement la voie de l’économie définie consiste à placer ces trois faits au commencement logique de la science économique. Le véritable objet de cette science serait la façon dont les hommes se comportent. Les manuels actuellement en usage ajoutent à cette opinion, qu’ils délivrent au présent de l’indicatif, une considération générale dont ils omettent souvent d’indiquer qu’elle provient de la très subjective théorie hédoniste de la valeur d’échange qu’ils propagent. Dans leurs quêtes de davantage de conforts, les hommes seraient sous l’empire de la rareté, laquelle serait le fin mot de la cherté. Cette théorisation est méthodologiquement insensée. Elle enclenche la faute de raisonnement que constitue une pétition de principe (Économie Matin du 16 février 17). À ce titre, elle est rationnellement irrecevable. Toute approche indéfinie de l’économie n’est qu’apparemment scientifique. Suite 

L’astreinte de l’économie politique à la rigueur conceptuelle

Article Dominique Michaut Dès l’école primaire et secondaire comme dans beaucoup de familles, la transmission de la rigueur conceptuelle en économie va bon train, devrait-on pouvoir constater. Les indices du contraire pullulent dans notre culture générale, doit-on hélas constater. L’un de ces indices est le sens qui tend à être attribué à l’appellation « économie politique ». Voir par exemple ce qu’en dit Thomas Piketty en conclusion de son très acheté Capital au vingt-et-unième siècle (Seuil, 2013). Soyons au moins conscients qu’il s’agit d’une déconstruction par de la science en trompe l’œil. Des préceptes de théorie économique d’où découlent des principes de politique économique, c’est cela qu’a été l’économie politique, fort explicitement à partir de la seconde moitié du dix-septième siècle et jusque dans les dernières décennies du vingtième. Et c’est cela dont nous avons encore besoin pour nous adonner en meilleure connaissance de cause à l’art de faire société au moins mal. Ce besoin est d’abord celui d’une économie politique de base, à savoir celle dont les préceptes d’analyse économique qui l’établissent et les principes de politique économique qui en découlent sont assimilables par le plus grand nombre d’électrices et d’électeurs. Voyons que des couperets tombent au nom de la rentabilité et de la productivité, pour n’évoquer que ces deux grands mots du vocabulaire économique. On peut penser que ces instruments sont devenus mieux affûtés. Mais cela ne se peut qu’à force de rigueur conceptuelle alors qu’il est plutôt bien porté de faire comme si elle ne pouvait que rester hors de portée de la plupart des citoyens. Ce qui n’a jamais été démontré et ne le sera jamais ! Suite

“Gouverner, c’est aussi sanctionner”, par Jacques Bichot

Article de Jacques Bichot publié le 22 janvier 2018 sur L’Incorrect et le 23 janvier sur Économie-Matin L’affaire de Notre-Dame des Landes restera dans les annales comme un exemples navrant de mauvaise gouvernance. Des centaines de millions d’euros ont été gaspillés, des affrontements ridicules ont eu lieu, des tribunaux ont été stupidement engorgés (plus de 100 procès perdus par les opposants, qui au final ont gagné politiquement), et l’impunité des hors-la-loi s’est étalée au grand jour, contribution supplémentaire à la déshérence de l’autorité dont souffre notre pays, et particulièrement ses banlieues.  Je ne suis pas compétent pour dire si ce nouvel aéroport aurait été ou non vraiment utile et rentable, mais que la réponse soit oui ou non il est un fait certain : la conduite de projet a été lamentable. Alors, quels sont les responsables de ce fiasco, et comment les a-t-on sanctionnés ?   Une longue liste de fautes politique et administrative jamais sanctionnées   Il n’a pas été donné de réponse à la première question, et il est probable que les pouvoirs publics n’en chercheront pas, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de sanction. Si les choses se passent effectivement ainsi, ce sera un pas de plus dans une mauvaise direction – une direction dans laquelle la France est hélas très engagée, et cela depuis fort longtemps. Hommes politiques et hauts fonctionnaires peuvent jeter l’argent par les fenêtres, c’est-à-dire gaspiller le travail des Français, en faisant mal le leur, ils n’en supportent que rarement les conséquences. Une soi-disant faute, montée médiatiquement en épingle, comme employer son conjoint en tant qu’assistant parlementaire, ce qui n’a causé de tort à personne, a valu à François Fillon de perdre tout son capital politique, mais de véritables et graves erreurs professionnelles, lourdes de conséquences, sont purement et simplement passées par pertes et profits, sans donner lieu à la moindre sanction : comment croire, dans de telles conditions, que notre pays sera un jour convenablement dirigé et administré ? Rappelons quelques-unes des bévues administratives et politiques dont les responsables n’ont jamais été inquiétés : L’affaire des portiques destinés à faire contribuer les entreprises de transport routier au financement de l’usure des routes nationales par leurs poids-lourds. Le gaspillage s’élève là aussi à plusieurs centaines de millions d’euros, et aucune sanction, semble-t-il, n’a été prononcée. Le fiasco du logiciel Louvois, qui a pourri la vie à beaucoup de familles de militaires, victimes d’erreurs relatives aux traitements et autres éléments de rémunération de nos soldats. Certains n’ont rien touché pendant des mois, d’autres ont trop perçu et, s’ils avaient cru pouvoir dépenser une solde plus généreuse que d’ordinaire, ont dû ensuite rembourser dans la douleur. Là encore, à notre connaissance, ce fut l’impunité pour les responsables de cette monstruosité informatique. L’incurie informatique dont ont été victimes les artisans et commerçants lors de la fusion de leurs régimes de retraite dans le RSI a elle aussi été laissée impunie. La Cour des Comptes avait pourtant mis à jour les responsabilités, ou du moins la principale d’entre elles, une querelle de chefs. Des magistrats, greffiers, avocats et justiciables sont actuellement victimes des box vitrés, ces cages destinées aux prévenus qui ont commencé à être installées dans les salles d’audience de certains tribunaux et que l’on a tout simplement oublié de sonoriser, si bien que la communication entre les prévenus dans leur enceinte de verre renforcé, leurs avocats et les magistrats, est devenue très problématique. Le garde des sceaux est certes un peu sur la sellette, mais cette bévue va-t-elle avoir des conséquences pour ceux qui en sont responsables ? Plus généralement, va-t-on enfin s’occuper de ceux qui, au gouvernement, au ministère mais aussi dans les juridictions et dans les lieux de détention, portent en partie la responsabilité des lenteurs et des dysfonctionnements de la justice, de l’insuffisance des places de prison, et d’une bonne partie de la pénibilité du travail des surveillants ? Bien d’autres erreurs et fautes non sanctionnées pourraient être mises à jour par une étude exhaustive du fonctionnement des administrations, de la haute fonction publique et des instances tant législatives qu’exécutives. Certes, il existe des décisions qui ne peuvent avoir d’autre sanction que le vote des électeurs, mais dans la fonction publique sanctionner par des rétrogradations ou des mises à pied, voire des licenciements pour faute lourde, devrait devenir concevable et, quand ce ne l’est pas, légalement possible.   Récompenser ceux qui performent et faire progresser ou sanctionner ceux qui font des erreurs    La Chambre régionale des comptes a par exemple découvert qu’à l’hôpital de Quimperlé un médecin chef de service, jugé incompétent et dangereux pour les patients, a depuis 30 ans simplement été dispensé d’exercer ses fonctions, continuant à percevoir ses émoluments, soit 130 000 € de coût annuel pour l’hôpital (Capital du 22 décembre 2017). Quid des directeurs de cet établissement qui ont ainsi gaspillé l’argent des assurés sociaux ? Pour les élus et les dirigeants politiques potentiels — particulièrement les hommes politiques qui exercent certaines responsabilités au sein de partis — des préparations sont souhaitables et réalisables. Il faut en effet que les personnes qui arriveront dans des postes de responsabilité dans des mairies, des départements, des régions, au parlement ou au gouvernement, soient intellectuellement et psychologiquement préparés non seulement à impulser des projets, mais aussi à sévir lorsque cela est nécessaire. Il est agréable de lancer l’étude puis la réalisation d’un nouvel aménagement, d’un nouveau service ; il l’est moins, mais il est tout aussi utile, d’élaguer le bois mort, qu’il s’agisse de projets, de réalisations ou de collaborateurs. Les lois de finances et les lois de financement de la sécurité sociale ne suffisent pas, loin s’en faut, pour redresser les finances publiques ; il faut à tous les niveaux avoir le souci du travail bien fait et de la productivité, c’est-à-dire de la gestion au quotidien et du management des hommes. Ceux-ci n’étant pas des anges, il est utile de récompenser ceux qui performent, de chercher à faire progresser ceux qui font des erreurs ou pas grand-chose, et de les sanctionner si la manière douce ne … Lire la suite